Avec une approche principalement informative, Susana Diez de la Cortina s'intéresse à la femme en tant qu'héroïne, gardienne et personne qui transmet les romances d'origine médiévale, une période qui nous renvoie idéalement à deux figures féminines antagonistes mais complémentaires : Eve, celle qui conduit l'homme au péché, et Marie, celle qui intercède en sa faveur et le sauve. A travers les récits oniriques qui ponctuent les ballades, on découvre une troisième figure puissamment clairvoyante, interprète des rêves, succube et sorcière, capable de transformations surnaturelles, que nous avons, peut-être délibérément, tendance à oublier : Lilith, la "servante de la nuit", dont la plus ancienne référence écrite remonte à l'épopée sumérienne de Gilgamesh, qui réapparaît, déjà diabolisée, dans les cultures sémitiques, et émerge dans la Genèse comme la première épouse d'Adam, qu'il a abandonnée parce qu'elle n'avait pas accepté une existence soumise.