Lluís Prats, né à Terrassa en 1966, fait des études d’art et d’archéologie à l’UAB et à l’université de Gérone. Pendant quelques années, il se consacre à la recherche historique. Son œuvre Les Génies de la Renaissance italienne et du baroque (Carroggio, 2006) reçoit le premier prix du Ministère de la Culture. Il travaille pendant de nombreuses années comme professeur de lycée, puis comme éditeur de livres d’art et dirige une société de production cinématographique à Los Angeles. Il a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, depuis des romans pour la jeunesse à des essais historiques. En 2018, il a reçu le prestigieux prix Strega Ragazzi pour Hachiko, qui avait reçu le prix Josep M. Folch i Torres en 2014, un livre vendu à plus de 300 000 exemplaires dans le monde et traduit en neuf langues. En 2019, il a reçu le prix Ramon Muntaner pour son roman Kambirí, avec le prix Guillem Cifre de Colonya.
Dans un village kenyan, en 1947, près de la plantation de thé de la famille Cunningham, riche famille de colons, le petit Archibald assiste, au milieu d’une communauté pleine de vie et de générosité, à un événement extraordinaire : la naissance d’une petite éléphante. Il suit dès lors son évolution, va se baigner au fleuve avec elle, tandis que l’éléphante s’approche de la maison pour l’entendre jouer du piano. Il lui parle, elle semble le comprendre. Cette relation idyllique n’efface pas totalement un arrière-plan plus sombre, les drames de la colonisation, l’écart social entre les britanniques qui se réunissent dans des clubs élitistes et la pauvreté du colonisés, les conflits tribaux, l’esclavage. Quand la décolonisation s’annonce, le petit Archie est obligé de partir en Angleterre, ce qu’il ne veut pas, mais il y est obligé par ses parents. Il parle alors à son éléphante qu’il appelle Jumbo et lui explique la situation. L’éléphante semble le comprendre. Le roman emprunte alors deux voies, dont l’une suit la vie de l’éléphante qui grandit et se fait une place dans son groupe, entre la matriarche et les mâles, et dont l’autre raconte celle d’Archie. L’auteur parvient à tisser, malgré tout, des liens entre ces deux mondes si éloignés géographiquement, comme dans ce passage où Archie voit au loin éclater un orage, dans un récit qui projette le lecteur en Afrique où la pluie se déchaîne. Tout se passe comme si l’amour qui lie l’enfant et l’éléphante leur permettait de vivre en symbiose malgré la distance. Archie, grandit, tombe amoureux, se marie, mais quelque chose lui manque, l’Afrique, son éléphante, qui se son côté connaît des vicissitudes, est capturée par des chasseurs. Le lien qui s’est noué entre eux durera soixante ans, et rien, ni les changements de continent ni les nombreux rebondissements que connaît la vie, ne parviendra à détruire l’amitié entre le garçon et l’éléphante, entre l’homme et la nature. Bien qu’il ait quitté l’Afrique à seulement onze ans, Archibald Cunningham rêvera toujours de revenir et de retrouver son amie, mais ce n’est qu’à soixante-six ans, après sa retraite, qu’il pourra réaliser son souhait : revoir des éléphants en liberté.
Au-delà d’une émouvante et poétique histoire d’amitié entre un enfant et un animal, l’auteur sensibilise aussi de manière très juste le lecteur aux drames de la colonisation, à la valeur de civilisations africaines fondées sur l’entraide et la solidarité dans le groupe, qui mettent en perspective la superficialité de notre monde consumériste.
En somme une très jolie histoire à destination du jeune public, mais pas seulement: un véritable page turner écrit dans une langue souple et accessible.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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