Andrea Mayo (née à Buenos Aires en 1963 et arrivée à l’âge de 10 ans en Catalogne) est une figure connue sous le pseudonyme de Flavia Company en Catalogne pour son côté touche-à-tout. C’est ainsi qu’elle est journaliste, traductrice, musicienne, yogui et anime des ateliers d’écriture pour adultes comme pour enfants. Elle est l’auteure d’une trentaine de romans – dont une douzaine à destination du jeune public –, et d’une dizaine de recueils de nouvelles, indistinctement écrits en espagnol et/ou en catalan, souvent auto-traduits, délibérément tournés vers l’analyse psychologique de la structure des relations humaines dans le monde contemporain, et notamment les rapports de force, tant dans le couple, la famille que la société. Son maître-mot est l’intensité, et elle pousse les situations qu’elle imagine à leur limite, au point de bascule ou de rupture, selon un schéma quasi géométrique et mûrement réfléchi. Elle a déjà exploré la relation lesbienne dans un cours roman intitulé en français Donne-moi du plaisir et publié chez Flammarion en 2001, dans une belle traduction de Claude Bléton, également traduit en portugais et en hollandais, qui raconte l’histoire d’une passion dévastatrice et son naufrage. Mais son roman le plus connu est L’île de l’ultime vérité, publié en espagnol, catalan, italien, anglais et allemand : une version moderne d’un Robin Crusoé qui croyant arriver sur une île déserte se trouve nez à nez avec un autre homme. Soucieuse, par-dessus tout de communiquer, d’emporter ses lecteurs dans une aventure, elle sait ménager le suspense, donner une touche de mystère, user de la métaphore avec parcimonie, mais de manière impactantee, et se garde bien de toute fantaisie et d’invention dans l’écriture ou le style qui lui aliénerait une partie de ses lecteurs. Elle aborde fréquemment des thèmes en phase avec les préoccupations du lectorat contemporain, comme c’est le cas dans La Plante carnivore (nominé pour le prix Llibreter 2021) qui explore le sujet de la violence psychologique exercée dans le couple. C’est donc une auteure habile, qui sait où elle va, et parvient chaque fois à embarquer ses lecteurs dans un page turner.
La plante carnivore sert de métaphore à la possession dévoratrice et l’amour toxique qui vont détruire un couple : artiste peintre, victime. Les différents points de vue font s’alterner la voix narratrice sous la forme de la confidence, de la confession, dans une langue très familière, faite de phrases, courtes, presque brutales, au plus près du langage conventionnel de la classe moyenne catalane, sous une forme très filmique, voire théâtrale. C’est un peu l’écriture du scénario. On pénètre ainsi graduellement dans la relation qui évolue vers de la domination à l’anéantissement, jusqu’à la décision par la protagoniste de sortir de ce cercle infernal.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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