Né à Ondarroa (Biscaye) en 1970, Kirmen Uribe obtient le Prix national de littérature en 2009 avec son premier roman peu conventionnel Bilbao - New York - Bilbao traduit en français chez Gallimard, qui fut accueilli en Espagne comme un événement littéraire en raison de la qualité et de la fraîcheur de la narration (ce que l’on appelle en France de l’auto-fiction). Grâce à la bourse Cullman accordée par la Bibliothèque publique de New York, il y a écrit son quatrième ouvrage La vida anterior de los delfines (2022). Il vit toujours avec sa famille à New York où il anime des ateliers d’écriture à l’université.
Le livre raconte d’une part son installation difficile à New York avec sa femme et ses deux enfants et l’histoire d’une militante pacifiste et féministe d’origine hongroise pendant la Première guerre mondiale, Rosika Schwimmer. Rosika Schwimmer peine autant que les Uribe à se faire une place et mener l’entreprise qui lui tient à coeur, débarquer en Europe pour y apporter sa bonne parole.
Selon les croyances des premiers Basques, ceux qui s’éprenaient des lamias, êtres mythologiques semblables aux sirènes, se transformaient en dauphins. C’était le prix à payer pour leur audace. Un changement radical survenait d’un jour à l’autre, début d’un voyage à l’issue incertaine. De la même façon, la vie des migrants change aussi quand ils passent les frontières de leur pays, le chemin devient autre, très différent de celui qui avait été imaginé.
Dans les pages de La vida anterior de los delfines, se croisent trois histoires : le destin du livre inachevé de Edith Wynner, consacré à Rosika, activiste, pacifiste et féministe nommée à diverses reprises pour le Prix Nobel de la Paix et les relations entre ces deux femmes extraordinaires de la première moitié du vingtième siècle, le séjour d’une famille basque émigrant dans le New York actuel avec en arrière-plan la fin tourmentée de l’ère Trump et les réminiscences de l’amitié entre deux petites filles dans le petit village de la Côte basque où le narrateur grandit aux côtés de femmes révolutionnaires des années 1970 et 1980.
Passionnant, tendu et poétique, plein de secrets à découvrir, délicieusement écrit et terriblement humain, ce roman est le plus ambitieux de Kirmen Uribe car il y mêle une fois de plus magistralement histoire familiale, événements historiques, magie du folklore et histoires populaires basques.