Flavita Banana est une illustratrice qui collabore depuis 2018 avec El País.
Dans Las cosas del querer, elle se met elle-même en scène avec ses qualités et ses défauts, mais toujours cynique, acide et pratiquant l’autodérision avec brio.
Cette petite brune charmante avec un très léger embonpoint veut mais ne veut pas d’un homme dans sa vie, souhaite « arrêter de se mettre la pression quand [elle] ne sait pas ce qu’elle veut », est féministe sans être extrémiste, et refuse qu’on attente à sa liberté. Elle cherche l’amour, mais préfère encore avoir à côté d’elle, au réveil, dans son lit … « des œufs au bacon », estime que le féminisme, parfois, « consiste davantage à se déséduquer qu’à s’éduquer ».
Toutes sortes de situations banales de la vie quotidienne sont ainsi décortiquées et mènent à de grandes questions existentielles : ainsi, au restaurant avec une amie, elle se demande comment elle pourrait choisir l’homme de ses rêves alors qu’elle ne sait même pas si elle veut ou non des tranches d’ananas sur sa pizza, ou bien elle se dit que ce qu’elle attend d’une « relation, c’est précisément qu’elle ne soit pas du tout telle que je l’attendais ».
Comme toutes les célibataires d’une quarantaine d’années de notre époque, elle est indépendante, trouve assommant d’être obligée de s’épiler (même si elle s’exécute quand même pour satisfaire les diktats de la mode), tient à ce que la gent masculine soit courtoise à son égard, fait du yoga (en pestant contre les postures), est plutôt heureuse de vivre seule.
Les illustrations en noir et blanc sont faites de quelques lignes à peine, mais très expressives. Dans la plupart des saynètes, Flavita Banana se place parfois dans des situations ridicules dont elle se sort dignement et avec drôlerie. Une bande dessinée efficace, peu bavarde, qui fait mouche tout de suite et se lit agréablement.