Quelles sont les principales caractéristiques du marché du livre français? Combien de livres sont lus en France et dans quel format? Quels sont les genres préféréspar le public français?
Le marché du livre français est en règle générale assez linéaire d’une année sur l’autre avec des évolutions de l’ordre de -1% à +1%. Les genres préférés des français sont la littérature générale puis la BD, la Jeunesse et les Beaux livres.
Le livre est le marché le plus important au sein des biens culturels en France. Plus d’un français sur deux achète des livres. Selon les données GfK, le marché du livre physique neuf représente en France 347 millions d’unités vendues en 2016, 3,93 milliards d’euros et 722000 ouvrages (références) différents.
Dans l’ère de l’excès d’information, comment la FNAC sélectionne-t-elle ses livres?
LA FNAC est informée lors de rendez-vous spécifiques mensuels des mises en vente future avec des représentants des différentes maisons d’Edition pour les mois à venir. Cela nous permet de prévoir ce que la FNAC décidera de mettre en avant de manière spécifique dans son réseau.
Plus globalement, la FNAC référencie et achète la quasi-totalité de la production d’ouvrages à l’exception de quelques éditeurs très locaux ou qui ne sont pas référencés au niveau national.
Quel intérêt démontre le lecteur français pour la littérature étrangère? et plus particulièrement pour la littérature en espagnol, qu’elle soit espagnole ou latino-américaine? Comment est perçue cette littérature en France?
Les ouvrages vendus en VO espagnol+portugaisreprésentent en valeur 5 % de la littérature vendue en VO en France. Le SNE publie des statistiques sur les ouvrages traduits: en 2010 ils indiquaient que l’espagnol représentait 3.6% des traductions, tous secteurs éditoriaux confondus.
Que représente la littérature étrangère dans les ventes de la FNAC?
Dans les ventes du premier semestre 2017 sur le périmètre roman (littérature) le poids de la littérature étrangère tous formats confondus à la FNAC pèsent 41% du CA. Sur ce 41%, les romans anglophones traduits pèsent 50%!
Il reste peu de place pour d’autres langues à l’exception de parutions de best-seller ou d’auteurs confirmés.
Les ventes de livres dans la langue d’origine sont-elles plus importantes que celles de livres traduits?
Le marché français reste très francophone. Néanmoins, en jouant avec l’outil de recherche de l’Index Translationum, nous pouvons nous rendre compte que la France est l’un des deux pays à traduire le plus de littérature étrangère avec l’Allemagne. Ainsi, plusieurs sources sont unanimes: en France, un livre sur six est issu de la traduction.
Le marché du livre traduit reste florissant puisqu’il représentait 17,4% du chiffre d’affaires français pour l’année 2013. Sans surprise, c’est la littérature anglaise qui est la plus représentée chez nos éditeurs avec presque 60% du chiffre d’affaires. En seconde position vient le japonais (11,8%), majoritairement représenté par les mangas, suivi par l’allemand (5,4%), l’italien (4,5%), l’espagnol (3,7%) et les langues scandinaves (2,4%). Le russe, le néerlandais, le chinois et l’arabe sont présents dans l’étude avec 1% ou moins. Toutefois, ce qui retient notre attention est l’apparition du chinois et de l’arabe parmi les langues les plus représentées dans le paysage éditorial. Ces langues font leur apparition dans les statistiques à partir de l’année 2012. A noter la baisse des traductions de l’allemand, qui passent de 7,4% en 2010 à 5,4% courant 2014.
Parmi les grands classiques de la littérature espagnole, lesquels sont encore méconnus en France? Quels sont les auteurs traduits de l’espagnol qui se vendent le plus, quels sont les dernières découvertes?
Il y a à la fois des auteurs contemporains et classiques. Cela va de Cervantes à Perez Reverte, Carlos Somoza, Rosa Montero, Lucía Etxebarria, Javier Cercas, Víctor del Árbol, Vázquez Montalbán, Vila – Matas, Sánchez Pinol o Almudena Grandes.
New Spanish Books a pour objectif de faire découvrir les nouveautés intéressantes de la littérature espagnole à l’éditeur français. Que peut-on vous apporter?
Des argumentaires de vente sur les références en Espagne, des auteurs en herbe et les tendances du marché du livre en Espagne sur les auteurs espagnols.
Quels conseils donneriez-vous à un éditeur espagnol qui voudrait que son œuvre soit traduite et distribuée en France?
Le financement via le CNL (Centre National du Livre) est un acteur important car le cout de la traduction est un investissement fort pour l’éditeur.
Il semblerait que les éditeurs espagnols donnent moins d’importance à la couverture des livres que les éditeurs français qui l’utilisent comme un instrument de marketing. Quel conseil donneriez-vous à un éditeur espagnol dans ce sens?
En France les maisons d’édition ont des codes particuliers pour leurs collections que les lecteurs connaissent (exemple Actes Sud noir). D’autres font des choix plus mainstream avec des codes plutôt anglo saxons (exemple Fleuve Noir, Belfond ou Flammarion hors leur collection littérature française).
Quelle opinion avez-vous sur les e-books?
Aujourd’hui, en termes de nouveautés, les ebooks disposent d’une offre quasi-équivalente à celle des nouveautés-papier et permettent dans de nombreux cas d’accéder à des prix 20 à 30% inférieurs à des livres-papier.Les ebooks ont majoritairement un usage de complément du livre papier. En effet, plus de 80% des lecteurs de e-books continuent de lire des livres en papier, en particulier lors des vacances d’été et des vacances scolaires, principalement en raison de la praticité (poids vs nombre de livres emportés).
Concernant les 20% de lecteurs numériques exclusifs ou quasi-exclusifs, les raisons en sont l’accès simple (achat et livraison en quelques secondes, capacité de lire sur plusieurs écrans, faible occupation d’espace des livres achetés) et le grand confortde lecture (écran reposant, ajustement de la taille des caractères, lecture dans le noir avec le rétro-éclairage, capacité à cacher ce qu’on lit dans les transports).
La technologie change-t-elle ce que les gens écrivent et lisent?
En lecture numérique, il y a en effet des catégories qui affichent des ventes numériques plus importantes qu’en papier (Romance, Polar, Thriller, Science-Fiction et Heroic Fantasy). Cela est probablement dû aux avantages de la lecture numérique (immédiateté / poids / prix) chez ces gros lecteurs de genre.
Toutefois, ce n’est pas la technologie qui a orienté les choix de ces lecteurs, c’est donc plutôt la lecture numérique qui a répondu aux besoins des gros lecteurs.
Concernant l’écriture, il est vrai que les auteurs à succès sur les plateformes numériques sont encouragés à persévérer, mais on ne peut pas dire que la lecture numérique a fondamentalement changé les choses. Elle a néanmoins permis l’émergence de quelques auteurs.
Quelle valeur accordez-vous à Amazon et aux ventes électroniques de produits d’édition en général?
Pour la FNAC, en ce qui concerne les ventes électroniques, nos lecteurs numériques sont avant tout des clients de FNAC avec un potentiel de récurrence d’achat élevée. Ils sont d’autant plus importants qu’ils continuent à acheter et lire des livres en papier et que cela nous permet de conserver un lien relationnel durable avec eux, que ce soit pour des produits culturels ou techniques. C’est clairement la stratégie d’Amazon: développer la récurrence sur ces produits et ainsi les attirer vers d’autres produits de l’enseigne. Nous sommes donc pleinement concurrents dans ce secteur et au-delà.
Remarque méthodologique: les données des réponses GfK sont issues des panels GfK et soumis au copyright GfK.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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