Le roman de María Agúndez, Piscinas que no cubren, raconte l’histoire de María, une fillette de six ans qui vient de déménager à Minorque dans une maison baptisée El Calypso. Sa gouvernante est une ancienne bonne sœur défroquée après de graves problèmes avec sa hiérarchie. Elle avait eu l’idée de faire creuser une piscine au couvent qu’elle dirigeait pour que les bonnes sœurs et elle-même puissent se rafraîchir l’été. En représailles la mère supérieure l’avait envoyée dans la région de Palencia, où les hivers sont très froids et elle avait fini par quitter les ordres pour revenir à une vie dépourvue de toutes ces rigueurs.
Le roman de María Agúndez, raconte le tourbillon d’aventures minuscules que vit la petite María du roman (on peut penser qu’il est autobiographique, composé uniquement des souvenirs – vagues ou pas – d’enfance de María Agúndez,), en découvrant peu à peu l’existence. Il est écrit dans un langage plutôt naïf. Il raconte les découvertes de la fillette qui se confronte à l’univers des adultes, comme si elle découvrait un monde exotique. Il dégage beaucoup de candeur lorsque María croise autour d’elle ces personnes qui viennent et disparaissent aussi vite qu’elles sont venues : il s’agit des touristes. Il y a une intense pureté lorsque María, qui vit dans son jardin avec ses parents et sa gouvernante, dit qu’elle n’aime plus sa piscine, car il n’y a pas ses amis. Il y a énormément d’ingénuité lorsque María parle de la façon dont elle donne son premier baiser, découvre le sexe des petits garçons qui s’allonge et rétrécit, se retrouve confrontée à ses premières règles qui lui révèlent le secret de son propre sexe. Puis le roman s’arrête à son adolescence. Il devient peu à peu littéralement envoûtant, nous rappelle l’univers innocent, simple, sincère de notre propre enfance, à travers un langage plein de naïveté, de premier degré et d’authenticité à mesure qu’il décrit les événements minuscules du jeune âge dans un tourbillon qui conduit peu à peu à une adolescence, qu’on ne décrit pas, mais qu’on suppose plus policée et problématique. En cela ce roman est une réussite. À travers des chapitres extrêmement brefs, il entraîne le lecteur jusqu’à la fin avec une légèreté remarquable, qui le dispute à l’évidente gravité du sujet.