Argument : Recomposons les éléments que l’on va découvrir très progressivement au fil de la lecture :
Juin 1996. Trois familles se croisent à Salt Lake City, Steven Maslow, brillant avocat à Boston, sa femme Kate, ses deux filles Amanda, l’aînée, adolescente, et Carla, bien plus jeune ; Jesse Jenkins, un psychiatre et sa femme Laura, qui vient d’accoucher d’une fille Claudia ; Jacob Frost, même âge qu’Amanda, fraîchement arrivé chez son oncle maternel, caviste, après avoir fui le domicile de ses parents, un père violent et alcoolique qui finira par tuer sa femme.
Amanda accompagne son père chez le caviste y rencontre Jacob. C’est un coup de foudre réciproque. En sortant de la boutique, Steven Maslow renverse en voiture Jesse Stevens qui se rend à la clinique où sa femme vient d’accoucher. Mais dès le début, les dés sont jetés : Amanda a trouvé au seuil de la maison de Salt Lake City où ils viennent d’arriver en vacances son nom écrit avec une date. Celle de sa mort. Un signe mystérieux, un astérisque à 9 branches figure au dos du papier. Amanda est enlevée, la petite Carla, renversée par la voiture de son père qui cherche Amanda, disparaît mystérieusement de l’hôpital où elle est soignée. Laura qui vient d’accoucher disparaît elle aussi. Steven fou de douleur est menacé, il reçoit une photo d’Amanda ligotée et se voit obligé de sacrifier 17 ans de sa vie et d’obéir à toutes les injonctions, s’il veut retrouver sa fille. Cédant au chantage, il va devenir la main armée d’impitoyables criminels. Quant au jeune neveu du caviste, il poursuivra durant toutes ses années les auteurs de la disparition d’Amanda, jusqu’à finalement découvrir qu’une société secrète de tueurs en série, appelée Les Sept, dirigée par Laura, assassine méthodiquement des femmes partout dans le monde, de tout âge et de toute nationalité, répondant à une injonction du destin, sous prétexte de protéger le monde de terribles malheurs.
Décembre 2013. Jacob au terme de sa quête de 17 ans, découvre le lieu de rendez-vous des assassins, qui s’apprêtent à décapiter une nouvelle jeune fille, les élimine dans une grande confusion et sans savoir vraiment comment, et s’échappe de la demeure en flammes, avec la tête de la victime. Il erre nu dans les rues, est arrêté et se trouve face à deux personnages : le directeur de l’hôpital psychiatrique Jesse Jenkins et l’agent du FBI, profileuse et criminologue, Stella Hyden. L’interrogatoire a commencé quand le docteur Jenkins reçoit dans une boîte en carton la tête de sa fille assassinée, accompagnée d’un mot et un astérisque à neuf branches. Fou de douleur, il laisse Stella face à Jacob. Au terme d’un long interrogatoire pendant lequel Jacob raconte peu à peu son enfance, puis des éléments de sa quête, Stella et Jacob s’enfuient pour retrouver Salt Lake City, sans savoir que Laura, qui doit assassiner Stella, se cache dans leur voiture. Arrivé dans la maison de Laura, Jacob découvre, en présence de son père Steven, lui aussi de retour, ce dont il avait l’intuition : Amanda Maslow est bien le jeune agent Stella Hyden, tandis que le docteur Jesse Jenkins, lui aussi de retour, se trouve face à sa femme Laura, folle de rage, déterminée à tuer. Stella tue Laura. Les Sept ne sont cependant qu’une des cellules d’une Société secrète bien plus importante, puisque quelque part dans un austère couvent la petite main de Carla signe, un jour de juillet 2014 l’arrêt de mort de Jacob, en décembre 1914.
Analyse : Cette histoire rocambolesque dont bien des éléments frisent l’invraisemblance est remarquablement menée, le suspense est total jusqu’à la fin. Un page-turner d’une efficacité impeccable pousse le lecteur à découvrir le fin mot de cette histoire, au fil de ces courts chapitres, écrits dans une langue limpide, simple, sans coups d’éclat, efficace qui va à l’essentiel, sans négliger un certain nombre de descriptions et d’analyses psychologiques. Chaque chapitre répond à une question précédente et en pose une autre qui trouvera sa réponse plus tard, en créant un effet d’attente qui pousse le lecteur curieux à poursuivre. La remarquable maîtrise de la narration dont peut se targuer l’auteur c’est la première qualité.
Les références de l’auteur se situent du côté des séries américaines comme Criminal Minds. L’évocation de l’Amérique est rachitique, l’auteur ne porte aucun regard sur la société américaine. Le monde policier est réduit à la seule figure d’un agent. Pourtant, la constitution d’une société secrète tentaculaire censée libérer le monde de ses démons aurait pu être un magnifique prétexte à une analyse intéressante de la façon dont le bien et le mal peuvent féconder l’esprit américain, et les séries proposées au public. S’il y a analyse, elle est essentiellement centrée sur les rapports familiaux, sur le couple, sur l’amour de deux pères envers leurs filles, si inconditionnel qu’il les rend capables d’atrocités.
Cependant, on a là un excellent passe-temps, un roman, toujours décent, qui n’a rien d’effrayant, un thriller policier et psychologique soft – même les scènes les plus violentes et les plus macabres évitent tout caractère choquant –, à mettre entre toutes les mains. Les deux cent cinquante premières pages sont les meilleures, et au moment où le lecteur découvre le caractère rocambolesque et invraisemblable de la société secrète, il est pour ainsi dire « ferré » et concède à l’auteur ses faiblesses pour savoir comment cela va se terminer, sans que jamais le suspense ne faiblisse. Il n’est pas étonnant que ce roman rencontre un succès notable.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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