Lecteur: Anne Calmels
Fille de parents séparés, Clara vit principalement avec sa mère. Depuis le récent décès de sa grand-mère maternelle, son grand-père, rare spécimen d’un troisième âge punk (rebelle, grossier et taggeur occasionnel) passe beaucoup de temps chez Clara.
Clara fréquente une petite bande d’amis : Maria, Zaera, Magda et Unai, un gothique en surpoids bizarre qui a perdu son père et invente régulièrement une nouvelle version extravagante de sa mort.
Et surtout, Clara est amoureuse de Lucas, le beau gosse par excellence, sauf que ce n’est pas réciproque. Le jour où elle ose l’embrasser, il lui dit « Ce n’est pas possible », et le lendemain, il sort avec Natalia, la plus jolie blonde du collège. Clara va essayer d’oublier son chagrin, non sans mal et sans dérapages… Elle se fâchera avec Unai : elle lui dit qu’il est moche et bizarre ; il lui rétorque qu’elle est égoïste ; la preuve : elle ne sait même pas comment son père est mort. Clara mènera l’enquête sur le décès du père d’Unaï tout en soignant sa peine de cœur. Peu à peu, elle tombera amoureuse de ce jeune homme si particulier.
Les chapitres du journal intime de Clara, courts, à la 1re personne, font preuve d’un humour et d’une inventivité d’expression remarquables, qui se retrouvent aussi dans la variété des polices typographiques utilisées et la présence de quelques dessins. Le ton est vif, direct, authentique, ancré dans la réalité adolescente actuelle. Les thématiques du chagrin d’amour, de la relation parents-ado, du deuil, de l’importance de l’apparence physique sont traitées de manière sensible et drôle. Le ton enlevé, le rythme soutenu de l’action et l’autodérision habillent astucieusement l’inévitable message moral et le happy end.
Les nombreuses références à la réalité de la vie espagnole, dont certaines sont essentielles à l’intrigue (système patronymique espagnol, habitudes culinaires, tapas, croquettes, boîte de nuit l’après-midi…), les citations (proverbes, 1 chanson et 2 poèmes), les néologismes et jeux de mots fréquents impliqueront une traduction nécessairement très inventive et parfois une éventuelle transposition mais la saveur du texte, frais, drôle, cruel, sensible, énergique et énergisant, justifie largement cet effort.
Un « roman de filles » très réussi qui allie divertissement et sensibilité. Il serait intéressant de lire le précédent titre de l’auteur (Pomelo y limón prix Gran Angular 2011 chez SM), qui semble proche de celui-ci.