Lecteur: Serge Mestre
L’Association pour les Droits Humains en Afghanistan (ASDHA) est une association à but non lucratif, dont le siège se situe à Barcelone, et issue du travail effectué par la journaliste Mònica Barnabé et l’écrivaine Anna Tortajada qui se sont rendues en Afghanistan, au début des années 2000, pour visiter les écoles clandestines de ce pays, où l’éducation restait interdite aux femmes. Bien que le régime Taliban soit tombé en 2001, l’association a poursuivi son travail jusqu’en 2005.
Dans ce livre de témoignages de femmes, la contribution de Mònica Barnabé a consisté à identifier les problèmes, puis les femmes à photographier pour accompagner le photographe Gervasio Sánchez pendant ses prises de vue, afin de mettre notamment les femmes en confiance.
Le livre est donc composé de portraits posés de visages de femmes et de photos, en plan d’ensemble, de situations plus concrètes mettant en scène des femmes afghanes. Les clichés sont accompagnés de certains témoignages de ses femmes, lorsque cela a été possible, et de commentaires journalistiques. Les textes sont tous bilingues : espagnol/anglais.
Les thèmes abordés sont les suivants : femmes emprisonnées ayant commis des délits d’adultère, de relations sexuelles avant le mariage, de fuite du domicile en raison de violences conjugales.
Après la chute du régime des talibans, des dizaines de femmes afghanes descendent en 2007 dans la rue avec la photo des membres de leur famille disparus ou morts pendant la guerre contre les Talibans, et exigent qu’on leur fasse justice : qu’on juge les criminels et qu’on les écarte du pouvoir: comme une mise en abyme, le livre présente de nombreuses photos de ces manifestations.
D’autres photos (portraits ou plans plus larges) présentent le témoignage des femmes à propos du mariage forcé, mais aussi des grossesses vécues sans le moindre soin. Sont abordés également les thèmes des femmes droguées ces dernières années, des femmes en fuite, de celles qui se suicident en se brûlant à la façon des bonzes. Enfin, un reportage sur les femmes footballeuses ou boxeuses, pendant la période de la présence des troupes internationales conclut le livre.
Les textes, les témoignages et les photos sont vraiment de grande qualité et pourraient indéniablement intéresser une large frange des lecteurs français (pas seulement les amateurs de photographies) qui sont déjà très sensibilisés au problème des sévices faits aux femmes dans le monde entier, et particulièrement en Afghanistan, où ils sont carrément archaïques.