Auteur: Quim
Lecteur: Edmond Raillard
Quim Español, né à Gérone en 1945, est un architecte et un poète de renom, dont Francesca marque les débuts comme romancier. Son œuvre poétique a reçu plusieurs prix catalans importants
Ce roman, pour simplifier à l’extrême, est l’histoire du harcèlement dont est victime une jeune violoniste, interprète hors pair et, secrètement, compositeur de génie. Le harceleur est un chef d’orchestre médiocre qui, par ailleurs, par un vol de partitions manuscrites, usurpe une réputation de grand compositeur.
Il va de soi que la musique imprègne l’ensemble de ce texte, qu’elle soit portée par les personnages de Francesca et de ses camarades (interprétation, composition) que par son grand-père, mélomane averti (écoute, critique). La culture riche et variée de l’auteur est perceptible dans tout le livre, sans trop d’ostentation (architecture, poésie, littérature, histoire des civilisations). Même la culture musicale semble aller au-delà de celle du simple mélomane : en effet, à en croire la presse, Quim Español a lui-même suivi des cours de composition.
Cette atmosphère de culture et l’importance des personnages des grands-parents (de la génération de l’auteur) sont une des clefs du roman. En effet, l’auteur s’attache à l’évocation de la somptueuse demeure de ces derniers, à Gérone, du parc qu’ils sont obligés de vendre et des dégâts causés par des promoteurs immobiliers profitant des déclassements (peut-être malhonnêtes) des zones non constructibles. Autour de Francesca, et à l’occasion de ses mésaventures, le roman est une élégie douce-amère de la disparition d’une certaine Catalogne, celle qui va du Noucentisme aux avant-gardes.
Mais c’est bien à l’histoire de Francesca que s’attache le récit, parfaitement maîtrisé, dans une langue recherchée, et riche en rebondissements. Le lecteur est pris de compassion pour la jeune fille, s’indigne des mauvais procédés du harceleur, se laisse mener par une intrigue qui flirte avec bonheur avec l’intrigue policière. Les retournements de situation sont nombreux et le récit s’achève sur un dernier coup de théâtre, coup de glas qui confirme l’affirmation d’un psychiatre quelques dizaines de pages auparavant : « les harceleurs gagnent toujours ». Il s’agit donc d’un roman de facture classique, bien écrit, très prenant. On pourrait dire populaire s’il ne s’attachait pas, justement, à une aristocratie de la culture et du talent artistique, qui coïncide d’ailleurs avec une aristocratie sociale.
Quelques traits d’une facétieuse modernité ne déparent pas le caractère général de l’ouvrage. Je pense en particulier à quelques réflexions en a parte du personnage narrateur, évoquant ses relations avec les autres personnages et avec l’auteur… Rien de révolutionnaire, rien de gênant non plus. C’est un petit grain de sel supplémentaire. Bref, il s’agit un premier roman réussi, très agréable à lire et qui a de nombreux atouts pour attirer un public varié. À la lecture, aucun problème de traduction particulier ne m’est apparu.
Avis favorable à une promotion de ce livre pour une édition française.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
SUITE
Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
SUITE
Catégorie
Bienvenue sur le site de New Spanish Books, un guide des...