Lecteur: Sophie Hofnung
Le professeur d'agronomie Eisaburo Ueno mène une vie réglée au millimètre dans le quartier de Shibuya à Tokyo. Un jour de janvier 1924, il récupère à la gare un paquet contenant un cadeau pour sa fille. À l’instant où il le découvre à moitié mort de faim et de froid dans son carton, le professeur ressent un attachement aussi fort qu'inattendu pour le chiot tout blanc. Hachiko et son maître deviennent inséparables. Le professeur lui consacre tout son temps – provoquant même la jalousie passagère de son épouse. Il lui raconte la nature et les traditions du Japon tout au long de leurs balades dans les parcs de Tokyo.
Hachiko est vite connu des habitants du quartier et des gens qui travaillent à la gare. Il accompagne son maître tous les matins prendre son train, puis, réglé comme une montre suisse, revient le chercher à 17 h 30 chaque soir. Jusqu'à ce jour de juin 1925 jour où, succombant à une hémorragie cérébrale à l'université, le professeur ne descendra pas du train.
Mais une promesse est une promesse. Son maître lui a promis de revenir, alors Hachiko reviendra durant neuf ans, chaque soir, l'attendre au train. Il refera à pied les trois cents kilomètres depuis la ferme d'un cousin où la veuve l'a envoyée quand elle est partie vivre chez sa fille, il se réfugiera chez le jardinier, puis s'abritera dans les entrepots de la gare. Cette fidélité force le respect et la tendresse de tout le quartier, qui le nourrit. L'histoire d'Hachiko commence à se répandre en dehors du quartier de Shibuya. Un journaliste fait un reportage sur lui et on érige une statue à son effigie.
Hachiko meurt à onze ans, devant la gare un soir de neige et de grand froid.
L'histoire vraie d'Hachiko est racontée en épilogue dans le roman. Elle a été adaptée au cinéma – notammnent le film à succès Hatchi avec Richard Gere – et fait toujours l'objet de nombreuses citations dans des mangas ou animés japonais. La qualité première de ce roman ne réside donc pas dans l'originalité de son sujet, aussi édifiant et attachant soit-il. C'est avant tout un roman beau et émouvant par sa délicatesse et sa simplicité. Il reporte avec minimalisme la vie simple et modeste du professeur, les gestes quotidiens ou l'émerveillement devant la nature. Ce roman excelle dans la prose des petites choses et de la routine.Une vraie musique naît de la répétition : le passage des saisons, l'univers de la gare, la revue des noms, le retour des fêtes… L'attente et le passage du temps se font corps dans ces répétitions qui jouent parfaitement de l'art délicat des petites variations. Grâce à son économie et à sa poésie, ce roman nous transmet une histoire de loyauté belle et déchirante sans épanchement, avec juste une belle émotion.
Les illustrations de Zuzanna Celej servent magnifiquement ce récit et plongent le lecteur dans le Japon des années 1920-1930. Les aquarelles délicates dépeignent des détails, des scènes du roman dans un décor de cerisiers en fleurs ou sous la neige, et bien sûr de multiples portraits d'Hachiko à tous les âges.
A partir de 10 ans.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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