Résumé
La narratrice de l’histoire, une petite fille, raconte comment elle a rencontré Peggy Sue, une vache qui a fui l’abattoir. Son récit est interrompu par des interventions et des questions : on suppose donc qu’elle a un auditoire. Voici l’histoire qu’elle raconte : alors qu’elle était partie à l’aventure et jouait de l’harmonica dans un train de marchandise, une vache appelée Peggy Sue la rejoint et monte dans le wagon en marche. Peggy lui raconte comment un beau jour, elle et les autres vaches de son troupeau ont été emmenées à l’abattoir en camion, comment elle a découvert le sort qui lui était réservé et comment elle s’est enfuie.
La petite fille et Peggy voyagent ensemble : en arrivant en ville, elles décident d’aller dans le seul pays où Peggy sera en sécurité : en Inde, où la vache est sacrée. Elles entament donc un voyage en stop, un jour en tracteur, l’autre en Harley, vers un port. Chaque jour, entre deux nuits au motel, elles cherchent à gagner de l’argent : serveuses dans un restaurant végétarien, équilibristes dans un spectacle de rue… Elles parviennent enfin au port, où un paquebot pour l’Inde va lever l’ancre…
A ce moment du récit, la petite fille est interrompue d’une manière brutale : « Arrête de raconter des inepties et finis ton steak ». Le lecteur comprend par le dessin qu’elle a inventé cette histoire lors d’un repas familial dont tous les membres mangent de la viande. La petite fille, elle, aurait préféré des épinards. Après le repas, la famille sort faire une promenade : tous, sauf la petite fille, ont des têtes de vaches.
Commentaire
Cet album aborde le thème du végétarianisme à la fois de façon frontale et détournée. L’identification au personnage humanisé de Peggy Sue qui frôle la mort à l’abattoir, immédiate, s’enrichit de l’identification au personnage de la petite fille, isolée au sein de sa famille et qui essaie de sensibiliser les autres par l’imagination, le rêve et l’humour. Le texte, les situations ainsi que les illustrations sont pétries de références à l’imagerie américaine traditionnelle. Si la cruauté du commerce de la viande est dénoncée, le regard sur l’Amérique ne se réduit pas à cette caractéristique négative : le mythe de la traversée du pays par ses propres moyens, l’harmonica, la Harley, les paysages, la liberté, le nom même de Peggy Sue font écho à nombre de textes et films de l’histoire et du rêve américains. Les illustrations à l’aquarelle font hommage à la peinture réaliste américaine. Certes, la dimension dialoguée du récit, peu commune et non explicite au départ, le réalisme des scènes d’abattoir, la complémentarité entre image et texte nécessaire à la compréhension, la distinction fiction/réalité ainsi que la transposition finale soudaine des humains en vache exigent une certaine maturité, mais l’album, de qualité, pensé, soigné, au thème très actuel, est fort et riche de différents atouts.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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