Lecteur: Serge Mestre
Le livre de Luis Landero, El Balcón en invierno, est un roman de souvenirs essentiellement orienté sur l’histoire personnelle de la découverte de la littérature par l’auteur et notamment sur la façon dont, issu d’une famille de paysans d’Estrémadure, il s’est laissé séduire par la poésie d’abord, la philosophie et les romans, jusqu’à décider de laisser de côté sa première vocation de guitariste pour se mettre lui-même à écrire et devenir romancier.
Le livre de Luis Landero est également, à travers la description de son parcours littéraire, un livre de souvenir qui met en scène différents tableaux champêtres décrivant l’Espagne rurale du XXe siècle, à partir des années cinquante. Si la guerre civile de 1936 y est mentionnée, ce n’est que par petites touches se bornant à contextualiser le milieu dans lequel évolue la famille de l’auteur. Car le propos est bien ici, comme on le disait plus haut, la littérature et le trajet qui a mené le jeune Landero jusqu’à elle.
Il est bien difficile de résumer ce roman qui est un enchaînement d’anecdotes très personnelles de l’auteur, ayant pour toile de fond le quotidien à l’état pur. Aucun fait étrange ne se détache de ce quotidien, aucune audace palpitante, aucun émerveillement particulier, si ce n’est peut-être dans un des chapitres qui décrit un rêve pour le moins fantastique de l’auteur où il rêve qu’il danse avec Sofia Loren lors d’une grande fête mondaine.
Bref, le sujet n’est pas ce qu’on raconte, mais depuis où et comment on le raconte. Le sujet est la littérature elle-même en train de se faire et le chemin parcouru pour la faire. Il s’agit d’une introspection littéraire qui ne manque pas d’intérêt pour qui connaît l’œuvre de Luis Landero.
Et c’est bien là le problème. Si ce livre est d’une maestria incontestable sur le plan de l’écriture, il me semble un peu difficile à appréhender par un lecteur qui découvrirait l’auteur pour la première fois à travers ce roman.