Lecteur : FM Durazzo
Les auteurs : Paco Esteve y Beneito (Agres, 1979), traducteur et professeur de langue catalane, auteur des romans Qui no fa la festa (2013), Si ha nevat (2016), prix Enric Valor ; Gemma Aguasca Soler (Barcelone 1972), est dessinatrice et illustratrice.
Résumé : Pandora (en grec « tous les cadeaux ») est une chatte noire des rues, que les gens tiennent responsable de tout ce qui ne va pas, croyant que les chats noirs portent malheur. Un jour, elle subit un accident et décide de porter malheur à tous ceux qu’elle croise. Jusqu’au jour où elle a la chance immense de rencontrer Gloria, qui l’accueille chez elle et lui propose de lui porter chance.
Traduction proposée (2320 caractères, soit deux feuillets) :
Pandora était une chatte noire qui vivait seule dans les rues et sur les toits. Elle adorait les sardines et rêvait de vivre un jour avec quelqu’un. Mais elle avait beaucoup de mal à trouver de la compagnie car, comme disent les gens superstitieux, les chats noirs portent malheur. Et Pandora, en plus d’être noire, était aussi superstitieuse. Partout où elle passait, si quelque chose n’allait pas, c’était toujours de sa faute. Alors, elle a fini par croire qu’elle portait malheur. Tout ça à cause de la couleur de son poil. Un jour, ce fut son tour. En fuyant des enfants, elle traversa une rue sans regarder et un camion écrasa sa queue. Ça aurait pu lui coûter la vie... Ou pire. À partir de ce jour-là, comme sa queue lui faisait horriblement mal, elle était toujours de mauvaise humeur et elle le faisait payer à tous ceux qu’elle rencontrait. Si vraiment elle portait malheur, désormais, elle le ferait exprès. Pandora s’amusait même à jouer de mauvais tours et choisissait ses victimes au hasard. Jusqu’au soir où elle rencontra Gloria. « Oh ! Un chat noir ! Quelle chance ! Minou, minou... Viens, n’aie pas peur. Tu as faim ? Tiens ! Justement, j’ai une sardine, tu la veux ? Oh ! Regarde, un champignon magique ! Je vais le cueillir pour faire des remèdes et des crèmes. Qu’est-ce que tu as à la queue, ma minette ? Oh ! Ma pauvre... Tu as dû avoir très mal ! Tu veux bien me laisser te la réparer ? Ça va te faire mal juste un petit peu... Voilà ! Un bon massage. Regarde ! Il y a deux chauves-souris qui dansent sous le mimosa ! Il paraît que c’est bon signe. Oh ! Des fleurs de verdusc magiques ! Il est très difficile d’en trouver… Ça, presque personne ne le sait, mais on dit qu’elles portent chance. Et en plus elles ont sept pétales ! Attends... Les champignons, les chauves-souris, le verdusc ... Tout ça, c’est grâce à toi, n’est-ce pas, ma minette ? Les chats noirs portent toujours bonheur... Et si tu venais vivre avec moi ? Viens chez moi, minette, nous allons faire une belle équipe. » Depuis ce jour, Pandora et Gloria vivent ensemble. Et Pandora a de la compagnie et beaucoup de sardines. Gloria a un animal de compagnie qui porte bonheur. Et depuis, quand Pandora sort se promener, comme elle est une chatte noire, elle en profite pour porter bonheur à tous ceux qu’elle rencontre.
Analyse et utilisation pédagogique : Construit comme une fable morale s’appuyant sur la relation que les enfants entretiennent facilement avec les animaux, cette petite histoire se veut un plaidoyer contre les préjugés qui conduisent les hommes à discriminer autrui quand son aspect est différent. Il invite à les renverser par l’empathie. Cet album est écrit dans un catalan limpide, simple capable de toucher les enfants dès leur plus jeune âge, on peut le lire à des enfants de maternelle. De jeunes lecteurs peuvent aussi s’en emparer, grâce à une graphie spécialement choisie à leur intention. Le dessin est suffisamment éclairant pour donner à comprendre même lorsque tous les mots ne sont pas immédiatement clairs. La qualité majeure de cet ouvrage réside dans le fait qu’il ne désigne pas explicitement la différence qui fait l’objet de préjugés, même si la couleur « noire » du chat peut renvoyer au racisme contre les gens de couleur. La couleur du chat peut être assimilée à toute différence faisant l’objet de rejet – couleur de la peau, origine, particularité physique ou langagière, religion… Ce qui permet à l’adulte de prendre position lors de l’accompagnement de l’enfant ou de la classe. Un tel album peut trouver sa place dans une résolution de conflit entre un groupe d’enfants et un individu rejeté, mais il peut aussi servir de réponse imagée à un enfant qui demanderait à ses parents des explications sur les différences qui existent entre les individus, et si elles doivent motiver de la méfiance. Il peut aussi être utile pour renverser une situation dans laquelle en enfant rejeté deviendrait agressif envers autrui. Il s’agit donc d’un outil pédagogique particulièrement adapté à l’éducation au vivre ensemble.
NB : Cet ouvrage est susceptible d’être aidé par l’Institut Ramon Llull au titre des subventions à l’illustration et aux albums.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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