Daniel, lycéen, se décide enfin à écrire à Elena, donc il est très amoureux depuis une année.
Plus exactement, Daniel lui écrit pour que tous deux s’autorisent enfin à se déclarer leur amour, cet amour secret et maladroit né au premier regard un an plus tôt, mais qu’aucun des deux n’est parvenu à exprimer par timidité et par pudeur.
Daniel raconte donc à Elena, sous forme de très longue lettre, tout ce qui s’est passé depuis leur rencontre, ses tentatives d’approche ratées, ses accès de timidité, ses émotions, ses doutes, les films qu’il s’est faits... Il imagine également la manière dont Elena a vécu les événements, interprète le sens de ses post sur les réseaux sociaux, ses attitudes, actions et pensées, dans un récit très romantique. Toute la réalité est transformée par sa conviction absolue d’être aimé par Elena… alors que, en vérité, rien n’est moins sûr ! Et c’est ce contraste, cette distorsion de la réalité, qui est extrêmement drôle, et touchante.
Le lecteur comprend vite que Daniel est probablement le seul à être amoureux. Comme le font tous les amoureux, Daniel projette sur Elena toute une série d’émotions, interprète le moindre détail, dissèque chaque phrase, chaque expression, chaque geste ; il imagine même qu’Elena sort avec un autre garçon que lui… par amour ! Bref, il fait de son amour une fiction, une comédie romantique nourrie de scènes qui auraient pu être mais n’ont pas été, de calculs de probabilités... Et ce, du point de vue d’un garçon, ce qui n’est pas si fréquent. Contenu, écriture et émotions sont d’une grande sincérité.
On se laisse entraîner avec un plaisir jubilatoire dans le délire de Daniel, dans lequel tout amoureux(se) transi(e) se reconnaîtra. On rit beaucoup ; certains procédés sont répétitifs mais parfaitement justifiés par la nature obsessionnelle de l’amour. L’interprétation du sens des post de réseaux sociaux est d’un réalisme et d’une vérité criants : combien de sens peut-on attribuer à une simple citation poétique ? Combien de temps avant de poster un simple like, d’envoyer un texto ou de choisir un émoticône ? Le récit comparé de la mère et du père de Daniel qui racontent séparément leur première rencontre est irrésistible.
Cette « comédie romantique » cite des titres de films cultes anglo-saxons (Love actually entre autres), des paroles de chansons pop (The Police, Radiohead, The Cure…), des citations de poètes (Pétrarque, Stefan Sweig, Garcia Lorca…) et fait référence à la série Stranger things ainsi qu’à quelques clubs et joueurs de basket américains (NBA…). Les quelques références à la culture espagnole (et au système éducatif du lycée) peuvent être facilitées ou transposées pour un public français à la traduction.
Enfin, il est à noter qu’un contexte précis date le texte : manifestation de Fridays for Future, et confinement du Covid.
Un roman feel good drôle et attachant !
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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