Lecteur: Andre Gabastou
Cabaret Biarritz, le roman de Vales qui a obtenu le prix Nadal (équivalent du Goncourt français) en 2015, a pour véritable titre : Cabaret Biarritz. Les péchés estivaux. [Les interviews complètes de Georges Miet traduites pour la première fois en espagnol, avec une étude préliminaire de E. M. Inxausti].
Philippe Fourac, propriétaire de la maison d’édition La Fortune, avait en 1938 chargé l’écrivain Georges Miet de rédiger un roman sur les dramatiques événements survenus dans la ville de Biarritz en 1925, c’est-à-dire treize ans auparavant. Il y avait eu, entre autres, la découverte au Vieux Port du cadavre décomposé de la jeune assistante de la libraire locale qui avait disparu de façon énigmatique et dont on ne parvenait pas à élucider les circonstances du décès. Fourac voulait ainsi, en publiant un roman populaire, redorer le blason de sa maison d’édition qui battait de l’aile.
Cabaret Biarritz est donc la reconstitution fictive du livre qui, par le biais d’interviews aussi bien de gens du peuple que d’aristocrates, fait revivre sous nos yeux la splendeur de la station balnéaire aujourd’hui quelque peu en déshérence. Le livre de Miet étant écrit treize ans après les événements qui l’intéressent, l’auteur ne cache pas ses incertitudes, ses doutes, ses approximations.
Miet se rend donc à Biarritz et interroge une trentaine de personnes représentatives d’un éventail social qui embrasse toutes les couches de la société (domestique, femme de chambre, cuisinière, journaliste, photographe, etc.) et toutes les conditions (employé à la journée, banquier, rentier, aristocrate, etc.) sans oublier les diverses nationalités présentes à cette époque à Biarritz.
Deux thèmes récurrents dans les enquêtes : le sexe et l’argent, avec une prédilection pour le premier. L’argent autorise la transgression et une liberté sexuelle plus propre à Biarritz qu’au Pays basque profond qui se trouve à deux pas. Et c’est ainsi qu’on voit défiler toutes les formes prises par la sexualité dans cette ville de plaisir : onanisme, masochisme, sadisme, homosexualité, adultère, etc. Époque oblige, l’automutilation érotique se confond avec le langage mystique.
Plus on avance et plus le roman devient glauque et patauge dans une sexualité apparemment aussi libre que malade. Mais l’auteur a du métier et, dans son roman, le fossoyeur ou la cuisinière ne parlent pas comme l’aristocrate. Le langage oral est vraisemblable et convaincant. On suit avec plaisir le photographe Marcel Galet et le journaliste Paul Villequeau qui jouent un rôle essentiel dans la résolution de l’énigme.
Mais la fresque est dans sa volonté de tout exposer et de faire alterner les passages croustillants et réflexifs terriblement artificielle. C’est une sorte de « copié-collé » empruntant à toute la littérature de l’époque pour composer à son tour un best-seller qui ravira les lecteurs en vacances sans satisfaire vraiment ceux qui ont des exigences littéraires.
Né à Zamora en 1965, l’auteur est jeune et talentueux, c’est aussi un traducteur renommé de l’anglais et sûrement un écrivain capable de renoncer aux facilités narratives. En l’état, malgré les réserves qu’il peut appeler, son roman peut toutefois trouver un public qui l’apprécie.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
SUITE
Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
SUITE
Catégorie
Bienvenue sur le site de New Spanish Books, un guide des...