Dans le quartier de Chamberri de Madrid assiégée par les franquistes, deux soldats républicains sont tués par un tireur solitaire. D’autres soldats républicains arrivent pour dénicher le tireur, l’arrêter ou le tuer. Il se trouve au second étage d’un immeuble en partie abandonné. Est-ce un « paco », autrement dit un soldat franquiste infiltré, un sniper ? On n’en sait rien encore, mais on apprend pourquoi on appelait certains soldats franquistes, ceux des bataillons maures, des « pacos ». La première tentative pour déloger le tireur est un échec qui se solde par un mort supplémentaire. Une jeune voisine amenée sur place apprend aux républicains qu’il s’agit d’un garçon de 15 ans, orphelin, dont le frère aîné, phalangiste, a été tué : il le venge. Faut-il le tuer ? Tenter de le faire prisonnier ? Le torturer pour venger ceux qu’il a tués à son tour ? Dans la rue, derrière le camion qui les planque en attendant le dernier assaut, tandis que des avions passent et bombardent, les hommes en guerre mettent les principes humanistes à rude épreuve, quand ils ne les liquident pas. Le chef du bataillon, qui perdu femme et enfant, semble le plus juste. Mais que reste-t-il de la justice dans un moment pareil ? Dans un style réaliste, très documenté, avec une grande attention donnée aux dialogues, aux manières de parler des Espagnols de cette époque, à la fois si imagées et si concrètes (d’où les difficultés de traduction), le récit se concentre sur ce drame anonyme et secondaire qui, comme tant d’autres, a vraiment eu lieu. L’être vivant le plus préservé du mal, le seul probablement, est le chien errant et survivant qui se colle aux soldats, sans les suivre quand ils repartent. Il est le témoin qui ne parlera pas. Mérite la traduction.