Lecteur: François Michel Durazzo
La journaliste Elena Gallego Abad, après trois romans fantastiques pour la jeunesse, s’inscrivant dans la lignée de Harry Potter, qui ont fait dire qu’elle était la Rowling galicienne, opte décidément pour une écriture qui se veut efficace et commerciale. Son objectif est sans nul doute de faire un succès rapide, après celui remporté par ses livres pour la jeunesse, traduits en anglais, en espagnol, en catalan, et si possible de réussir à les porter à l’écran. Pour appuyer cette stratégie, l’auteur soigne sa communication, avec un site dédié et un compte Facebook. Le clin d’œil aux Dix petits nègres d’Agatha Christie est un peu facile.
Un petit roman simple et efficace
Pour atteindre cet objectif, le roman cherche à atteindre tous les publics, faisant de ce roman noir sans sang ni violence une lecture, où l’on ne s’ennuie pas une seconde. C’est à peine si l’on assiste à un crime, pas de scène torride non plus. C’est ainsi, que les descriptions des cadavres, de même que les autopsies, ou le viol de la fille de 13 ans à l’origine des meurtres n’ont rien qui puisse choquer la sensibilité. Les descriptions ne sont jamais longues et toujours motivées par les circonstances. Les faits en relation avec l’enquête comme avec la vie personnelle du personnage principal ne donnent jamais lieu à une digression ou à une réflexion d’ordre général. Des personnages de la classe moyenne comme tout le monde et en nombre très limité dont on ne nous dit que le strict nécessaire. La journaliste, Marta Vilas, curieuse et efficace, banalement mariée avec Alfonso, un commercial qui souhaiterait lui faire un enfant et lui téléphone depuis l’Andalousie où il est en déplacement. Un rédacteur en chef, Pablo Curuxeiras, un peu grognon et autoritaire, un policier beau gosse bien dans son rôle, et concentré sur son enquête. Un sympathiquerestaurateur qui sert avec affection quelques petits plats bien galiciens à la journaliste qui ne semble manger que chez lui. Les autres personnages ne sont que de très pâles figurants.
Le vocabulaire évite tout jargon, se veut proche du langage quotidien, limpide, et toujours très correct. Aucune réplique n’est de nature à heurter. La phrase est courte, efficace et plaisante. Ce style journalistique et bien rôdé ne présente aucune lourdeur de nature à entacher. Le rythme est constant, le suspense habilement ménagé, même si le mystère s’estompe assez rapidement. Cela n’empêche pas la fin de gagner en intensité jusqu’au moment où la journaliste rencontre le meurtrier
Ce petit roman procure un excellent moment de lecture rapide, il a été conçu pour très bien marcher auprès de tous publics.
Résumé de l’auteur (type quatrième de couverture)
Lorsque la journaliste Marta Vilas découvre le corps d'un automobiliste flottant dans les eaux du port de Vigo, elle ne peut pas imaginer que le petit jouet que son meurtrier a laissé dans la poche de la mort est sur le point de changer sa vie. Ce click, des premières séries de la marque Famobil (les Playmobil espagnols) désormais disparue, est le seul fil qui semble lier cet assassinat avec celui du garde civil repêché par un bateau de pêche de Cangas, et avec les cadavres qui, au cours des jours suivant, vont apparaître dans les eaux de Vigo. Mais personne d'autre ne le sait. Sur le bureau de Marta Vilas commencent à s’empiler ces jouets de collection. Un click motard volé dans la poche d'un motard, un click garde civil trouvé près du corps d'un membre de la police, un click pirate oublié dans la voiture d'un informaticien assassiné ... Pour la journaliste, qui a été écartée de la rubrique Événements à cause de ses désaccords avec le rédacteur en chef de son journal, découvrir l'identité du criminel devient une obsession, bien qu’elle ne puisse jamais raconter tout ce qu’elle sait. Trépidant et par moments drôle, Sept têtes de mort file une série de meurtres dans des lieux réels, qui se mêlent à quelques événements qui ont marqué les années quatre-vingt. Avec ce roman, l'auteur rend également hommage à la profession journalistique, en tissant une toile d'intrigue captivante, avec pour bande sonore un tube de la Movida.
Pour compléter ce résumé, voici l’ordre chronologique, non pas du récit, mais des événements que l’on découvrira à la fin du roman.
Le 21 septembre 1986, sept garçons de terminale de la classe moyenne, appelés les Sept têtes de mort, terminent une soirée pleine d’alcool et de drogue dure dans une voiture volée à la recherche de prostituées mais, faute de mieux, se rabattent sur une fillette de 13 ans, que son jeune frère tente vainement de défendre. Quand les victimes se sont toutes deux remises de leurs blessures, l’adolescente se suicide. On la retrouve noyée. La presse se fait l’écho des événements, et on ne connaît pas les auteurs du crime. Mais un des agresseurs a prononcé le nom des Sept têtes de mort devant le jeune frère qui s’en souviendra plus tard. Celui-ci ne pensera plus qu’à se venger, et quand les faits sont désormais prescrits, plus de vingt ans plus tard, il décide de passer à l’acte. Vivant entre Madrid et New York, il se forge un solide alibi avec billets d’avion et preuves de présence à New York, mais il revient en Galice sous une fausse identité, pour abattre un à un en quelques jours les « Sept têtes de mort » qui, dès le début de leurs études supérieures, se sont dispersés. Après leur avoir chaque fois envoyé une lettre leur annonçant de manière énigmatique sa vengeance, se déplaçant sur une moto cross sans plaque d’immatriculation, il les tue un par un, à l’aide d’un petit calibre avant de les jeter à la mer, à l’aube, quand les lieux où sa sœur s’est noyée sont déserts. Sur ou à proximité de chacune des victimes, la journaliste retrouve chaque fois un playmobil de l’époque qui évoque la personnalité du mort, en souvenir de l’agression pendant laquelle le meurtrier enfant a été blessé au visage par un playmobil, dont il a gardé des cicatrices. Miraculeusement, Marta, en journaliste attentive, les retrouve sur les lieux. La dernière victime se trouve être le rédacteur en chef Pablo. C’est la seule agression à laquelle on assiste en partie. Le policier chargé de l’enquête et la journaliste, dont la collaboration n’a fait que se renforcer, surprennent finalement le motard casqué, qui réussit à prendre la fuite avant de pouvoir jeter sa victime blessée à l’eau. Le rédacteur en chef sortira miraculeusement guéri de cette balle dans la tête. La police, convaincue par l’alibi du frère de la jeune fille défunte, abandonne la piste, mais la journaliste, tenace, décide d’aller l’attendre avec une pancarte à l’aéroport de Madrid. Dans une cafétéria de l’aéroport, elle comprend à travers les révélations muettes du meurtrier qu’on ne pourra pas l’arrêter, elle décide d’abandonner le journalisme pour relater l’histoire de ce meurtre.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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