En août 1936, un autocar parcourt les routes des hauts plateaux à proximité de Jaén. Ils arrêtent des hommes de « droite », mais pas toujours. Le jeune Rafael est ainsi enlevé à la place de son père. Il sera exécuté de façon sommaire par José Poblador, un anarchiste surnommé Pancho Villa à la personnalité controversée, qui opère avec El Cartagenero, ancien bandit sanguinaire évadé de prison. À Alcalá la Real, ils tuent une vingtaine d’hommes, des paysans sans le moindre engagement politique. Angelino Te Deum est de ceux-là, ainsi que le jeune Rafael, dont le corps sauve la vie d’un prêtre, le père Gabriel.
Quelques années plus tôt, à Tobazo, un riche commerçant, don José, a été retrouvé pendu. Peu après sa femme décède, laissant leur petite Santa orpheline. Elle est recueillie par un ami de don José, qui la confie à un couple de fermiers, Angelino et Pura. Angelino la traite avec tendresse, Pura comme une esclave. Dans le grenier, elle retrouve Amador, le frère simplet de Pura, qu’elle considère comme son « frère de lait ». Le jour où don Carlitos, le propriétaire de la ferme, est retrouvé mort, assassiné au milieu des cochons une dizaine d’années plus tard, un jeune orphelin est arrêté et Santa quitte la maison car elle vient d’épouser León, amoureux d’elle depuis toujours. Un garçon naît, Diego, mais il succombe à l’âge de huit ans d’une étrange fièvre. Inconsolable, Santa retombe enceinte de Carmencita, une fillette atteinte d’une curieuse maladie à un œil en permanence larmoyant, qu’elle ne parvient pas à aimer comme son fils défunt. Qu’importe, León aime sa fille pour deux. Quand il prend le maquis, Santa reste seule avec Carmencita. Un jour, elle sauve un homme (le père Gabriel), des griffes de la Guardia Civil. Il revient les remercier et leur apprend comment est mort Angelino.
León est arrêté et reste en prison jusqu’à la fin de la guerre. Il est détenu aux côtés du Cartagenero et est témoin de son exécution. Quand il rentre chez lui, ce n’est plus le même homme. Il ne sait pas qu’il doit sa libération au père Gabriel. Après la guerre, Santa et lui cherchent à se reconstruire, quittent leur domaine pour un autre. Une nuit, le guérillero légendaire Cencerro fait irruption chez eux pour prendre de quoi manger et des vêtements propres. Santa reconnaît son ami d’enfance, Tomás. Elle est arrêtée avec Amador en 1947 par le capitaine Arenas, qui a retrouvé une bible lui appartenant dans les affaires du second de Cencerro, Manuel, alias Formidable. Amador avoue avoir tué don Carlitos des années auparavant, parce qu’il avait violé Santa, dont le fils Diego n’était donc pas l’enfant de León.
Dans l’épilogue, Carmencita discute avec le père Gabriel dans un train qui les conduit dans un ville maritim. Sa mère n’a toujours pas été relâchée. Elle lui avoue que c’est à cause d’elle qu’elle est emprisonnée. Amoureuse de Manuel, elle ravitaillait régulièrement les maquisards. Elle comprend que sa mère, qui ne lui a jamais porté beaucoup d’amour, s’est sacrifiée pour elle.
Un premier roman très abouti, qui nous fait vivre l’avant-guerre, la guerre et l’après-guerre en décrivant des situations bien souvent injustes tout en se gardant de juger. L’action se déroule dans l’Andalousie la plus rurale qui soit, avec des personnages qui ont la vie rude. La construction du roman est imparable : de quelque bord qu’ils soient, les héros se croisent, tantôt volontairement, tantôt fortuitement. Une plongée magnifique dans l’Espagne de cette époque. Dans la lignée de Miguel Delibes.
Thierry Clermont est journaliste au Figaro littéraire depuis 2005. Il a été membre de la commission poésie du Centre national du livre....
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Diplômé de l'École Normale Supérieure et spécialiste des lettres modernes, de l'espagnol et de l'anglais, Clément Ribes....
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